vendredi, septembre 22, 2023
black
tgcoms4
forfait
previous arrow
next arrow
More

    Jérémie Gadah : ‘mon médecin m’a dit que l’agriculture n’est pas faite pour moi…’

    - Advertisement -
    Journaliste togolais après avoir fini le premier cycle universitaire, Jérémie Kokou Nénonéné Gadah est devenu un agriculteur accompli. C’est à 27 ans qu’il a pris l’amère décision d’abandonner le stylo et les feuilles, pour prendre la houe et le coupe-coupe. Cinq (5) ans après, Il s’est complètement investi dans l’agroécologie, un type d’agriculture vieux de plusieurs millénaires parce que pratiquée par nos aïeux africains. Un type d’agriculture auquel plusieurs organisations convient les paysans d’aujourd’hui. Le jeune agriculteur est propriétaire d’une académie paysanne à Kuvé-Adékpé dans la préfecture de l’Avé.
    Dans une interview accordée à Global Actu, ce jeune connu pour sa santé fragile, ne cache pas sa joie d’avoir très tôt pris la décision d’embrasser le métier de la terre. Il ressort dans les lignes qui suivent la partie immatérielle de son nouveau métier d’agriculteur, au-delà du profit pécuniaire qu’on peut y tirer.
    Global Actu : Bonjour Jérémie Kokou Nénonéné Gadah. Vous avez été journaliste, vous avez collaboré avec plusieurs journaux, papier comme en ligne. Depuis 5 ans, vous êtes un agriculteur. Vous êtes le patron de l’Académie paysanne ‘Nénonéné. Pourquoi ce nom qui, littéralement en Ewe, une langue du sud du Togo, signifie ‘que cela reste ainsi’ ?
    Jérémie Gadah : Nénonéné c’est mon 3ème nom sur l’acte de naissance. Porté par l’académie, ce nom est un appel à la préservation des valeurs socio-économiques, culturelles et politiques qui caractérisent le monde paysan africain.
    Vous avez été journaliste. Aujourd’hui, vous êtes un agriculteur en temps plein. Ce que je savais de vous, c’est que vous aviez une santé fragile. Aujourd’hui, vous paraissez en très bonne forme. Quel est le secret ?
    Avant de me lancer dans l’agriculture, je suis allé voir mon médecin. Tout ce qu’il m’a dit est que je suis d’une santé fragile et l’agriculture n’est pas faite pour moi et si je m’entête à y aller, je ne tiendrai pas longtemps.
    A mes débuts, il avait raison. Aujourd’hui la nature le contredit. Depuis cinq ans, je ne suis plus allé dans un centre de santé. Tout compte fait, la nature régénère l’Homme, le nourrit et le soigne.
    Que représente alors la terre pour vous ?
    A l’académie paysanne, la terre est une entité vivante dont la mission est d’aider l’Homme à se nourrir. En ce sens, il est de notre devoir de respecter la terre à travers un mode de production durable, socialement et économiquement viable.
    Nous avons lu beaucoup de choses sur vous. Après un moment de galère, aujourd’hui, ça va. Vous vous sentez bien dans votre nouvel environnement. Y a-t-il un avantage immatériel à être agriculteur ou paysan ?  
    Mes deux premières années sont soldées par des pertes. Tout ce qui me maintenait en joie est ce plaisir incommensurable de voir tout le temps naître la vie sous mes yeux. Passer d’une graine à des fruits via un plant est un parcours de grandes émotions. Voir de jeunes plants sauvages devenir arbustes au fil des jours, voir la nature mourir et renaître… Autant de choses anodines du quotidien qui agrémentent la vie de celui qui vit le sacerdoce paysan. Le plus fascinant est cette garantie nourricière, régénérescente et protectrice dont la nature gratifie ceux qui l’exploitent avec respect.
    Nos aïeux consacraient à la terre une journée sur 5. Cette journée est appelée ‘Afe tsigbe’. Qu’en est-il dans votre académie ?
    En ce qui concerne Afe tsigbé, ce jour de repos est sacré et très important pour le paysan. Au début, je ne le respectais pas pour le simple fait que ce jour est lié à une divinité de la localité.
    Aujourd’hui, c’est une tradition observée à l’Académie tous les cinq jours.
    Après maintes recherches, il est clair que Afetigbé est institué, pas pour les divinités, mais pour le bien-être de l’Homme.
    Avec le manque de main-d’œuvre, le paysan est constamment sous pression pour faire le maximum de travail par jour. Dans cet élan suicidaire, Afetigbé est un jour refuge pour le paysan pour consacrer du temps à lui-même, à sa famille, à son entourage et à sa communauté. Afetigbé permet au paysan de mieux s’organiser, de rompre un tant soit peu avec sa monotonie quotidienne et surtout au corps de se reposer en vue d’une meilleure santé.
    Avec l’individualisme de plus en plus prononcé en milieu rural, chacun doit se fixer son Afetigbé.
    Nous avons appris que vous donnez aux femmes paysannes des formations. De quoi s’agit-il ? Qu’apprenez-vous à votre tour de ces femmes paysannes ?
    Depuis deux ans, nous formons tous paysans désireux de faire une reconversion vers une agriculture saine et une alimentation saine.
    Nous leurs apprenons les bonnes pratiques agricoles endogènes, la mise en place d’un modèle économique social et rentable et bien d’autres choses.
    En retour, vu mon jeune âge, ils partagent avec nous des expériences qui viennent enrichir notre catalogue de pratiques endogènes à vulgariser.
    En plus d’être un lot de pratiques, l’agroécologie est un mouvement social, une façon pacifique de dire NON à l’agriculture de la mort. A la fin des formations, chacun repart avec des pratiques et un nouveau mode de pensée.

    ARTICLES RÉCENTS

    Latest Posts

    tgcoms2
    mega3
    tgcom
    previous arrow
    next arrow