jeudi, mars 23, 2023
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    Gabon : Macron décrète la fin de la Françafrique. Doit-on en rire ?

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    Co-président du ‘One Forest Summit’ à Libreville au Gabon, le président français a décrété jeudi, devant plusieurs chefs d’Etat africains, la fin de la ‘Françafrique’. Emmmanuel Macron a estimé que l’ère de ce système de prédation construit par une partie de l’élite française et une partie de l’élite africaine, est révolue.

    « Cet âge de la Françafrique est bien révolu », a-t-il martelé ajoutant que ceux qui disent que ce système se poursuit, prêteraient des intentions à la France.

    « J’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous. Quand je lis, j’entends, je vois prêter encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus. On semble encore attendre d’elle des positionnements qu’elle se refuse à prendre », a-t-il lancé à l’ouverture de ce sommet.

    Au Gabon comme ailleurs, a-t-il insisté, la France est un ‘interlocuteur neutre’ qui ne s’ingère pas dans les affaires intérieures des pays africains.

    Doit-on en rire ? Ou le président français doit-il être pris au mot ? En tout cas, l’opposition gabonaise n’est pas contente de M. Macron. Elle tacle le n°1 des français d’être une caution d’Ali Bongo Ondimba, à quelques mois seulement de l’élection présidentielle dans ce pays. En France, certains critiques ne trouvent pas bien l’idée d’annoncer la fin de la Françafrique dans un pays comme le Gabon. D’autres encore ne voient pas d’un bon œil les pays choisis par Emmanuel Macron pour son périple africain, dans un contexte où il doit parler de la fin de la Françafrique.

    En quelques jours, c’est la 2ème fois que le président français monte au créneau pour laver les mains de la France. Il y a quelques jours donc, Emmanuel Macron disait que sa France n’a plus de ‘pré-carré’ en Afrique de l’ouest.

    Suffit-il de décréter la fin de la Françafrique pour que ce système, jumeau des indépendances en Afrique, disparaisse comme par enchantement ? Pour répondre au président français, nous avons choisi quelques pages de l’ouvrage ‘L’empire qui ne veut pas mourir’ co-rédigé par Thomas Borrel, Amzat Boukari-yabara, Thomas Deltombe et Benoît Collombat. Un ouvrage publié aux éditions Seuil en octobre 2021. Un livre qui date de seulement de moins de 2 ans, et qui, à sa publication, a donné lieu à des débats en France.

    Voici ce que disent ces écrivains : « il ne suffit pas de décréter la fin de la Françafrique pour que s’évapore cet encombrant héritage. C’est même bien souvent l’inverse qui se produit : rien n’est plus efficace pour faire perdurer le passé, que de faire semblant de l’avoir liquidé ».

    Cette façon de voir appelle donc à définir la Françafrique.

    « Il s’agit d’un système de domination fondé sur une alliance stratégique et asymétrique entre une partie des élites françaises et une partie de leurs homologues africaines. Cette alliance héritée d’une longue histoire coloniale, mêle des mécanismes officiels, connus visibles, assumés par les Etats, et des mécanismes occultes, souvent illégaux, parfois criminels, toujours inavouables », disent ces écrivains.

    Ces mécanismes qui, poursuivent-ils, se déploient dans une relative indifférence de l’opinion publique française, permettent à ces élites françaises, de s’approprier et de se partager des ressources, économiques mais aussi politiques, culturelles et symboliques, au détriment des peuples africains.

    Bref, lancent-ils, c’est un système de prédation qui se caractérise par les assassinats, la corruption, le clientélisme, les réseaux parallèles, les intermédiaires véreux, le soutien clandestin à des putschs et à des organisations mafieuses.

    Alors la question qui émerge est de savoir si par une seule phrase, fut-elle présidentielle, cet immense réseau peut disparaître du jour au lendemain.

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