Togo : des pistes d’un enregistrement systématique des naissances à l’étude
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Au Togo, comme dans plusieurs pays francophones, l’enregistrement des naissances constitue encore un casse-tête chinois. Comment faire en sorte d’endiguer définitivement cet épineux problème social ? C’est à cette question qu’une soixantaine d’acteurs concernés par l’état civil, dont 20 maires venus d’un peu partout du Togo, réfléchissent depuis ce lundi à Aného (50 km à l’est de Lomé).
Il s’agit de l’atelier d’identification des besoins dans les communes togolaises pour un ‘enregistrement systématique des naissances’. Il est organisé par la Faîtière des communes du Togo (FCT), en collaboration avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
En plantant le décor, Touni Koubonou, maire de Doufelgou 2, représentant la présidente de la FCT, a énuméré tous les problèmes rencontrés.
« Sur le terrain, on constate que certaines femmes accouchent à la maison mais ne viennent pas pour déclarer les nouveaux nés. D’autres font bien les consultations prénatales mais au moment d’accoucher, compte tenu de certaines considérations sociales, elles refusent d’accoucher à l’hôpital. D’autres encore accouchent à l’hôpital, viennent déclarer les enfants mais ne viennent pas retirer l’acte de naissance. Des piles d’actes de naissance sont dans le cas au niveau du service des états civils. L’autre constat, c’est que les parents déclarent leurs enfants, viennent récupérer l’acte mais n’en prennent pas soin. Pour se présenter au premier examen, les enfants souffrent. Cette situation est accompagnée du fait qu’à l’état civil, il arrive que les pièces ne sont pas bien conservées à cause des termites, des moisissures et des intempéries, étant donné qu’elles sont physiques », a-t-elle marqué.
A tout cela, il faut ajouter que compte tenu du fait qu’au Togo, le registre de l’état civil a 5 volets et qu’il appartient à un seul agent de faire le remplissage, il arrive que des erreurs se glissent sur les actes de naissance.
Présente à l’ouverture de cette réflexion collective, l’ambassadeur Mai Hoang Thi Tran, représentante pour l’Afrique de l’ouest de l’OIF, avec base Lomé, a fait savoir qu’au sein de l’espace francophone, plus d’une quinzaine d’Etats membres peinent à atteindre le seuil des 75% de taux d’enregistrement des enfants de moins de 5 ans. Pourtant, a-t-elle souligné, le défaut d’enregistrement à l’état civil entraine des conséquences sur plusieurs niveaux.
« Sur le plan collectif, la non-reconnaissance du droit à l’identité affecte durablement les politiques publiques, que cela soit en matière de santé, d’emploi ou d’éducation puisque l’Etat ne dispose pas de données exhaustives et actualisées de sa population », a-t-elle précisé.
Sur le plan individuel, il y a inexistence juridique totale et exclusion sociale qui touchent plus sensiblement les femmes, a-t-elle ajouté. Elle a fait remarquer que 160 millions d’enfants de moins de 5 ans ne sont pas déclarés dans le monde.
« Dès les années 2010, l’OIF a initié son plaidoyer et ses actions en faveur d’un état civil fiable, en lien avec les fichiers électoraux et la protection des données personnelles. En 2019, elle a décidé de hisser la thématique de l’état civil au rang de ses priorités », a-t-elle lancé.
Selon le préfet des Lacs, Datê Benissan-Tetevi, il est question pendant ces 2 jours de travaux pour les participants de partager les expériences sur la gestion des faits d’état civil dans les communes togolaises, afin que ce problème soit définitivement endigué.
Brefs, les uns et les autres vont opter pour la meilleure stratégie d’enregistrement. Déjà, des voies penchent pour une informatisation de ce document administratif mais qui est, comme le dira le premier adjoint au maire de la commune Lacs 1, un précieux document pour chaque nouveau-né.