La création de l’éco, la nouvelle monnaie qui sera unique à tous les pays d’Afrique de l’ouest, en remplacement du franc CFA et des devises des pays de quelques pays qui ont leur propre monnaie, fait encore débat. En conférence de presse jeudi à Cotonou, le président de l’ONG Urgences panafricaines parle de tentatives d’élargissement de la zone franc CFA aux autres pays de l’Afrique de l’ouest, plutôt que la création d’une nouvelle monnaie. A la manette, selon Kémi Seba, il y a les présidents français et ivoirien, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara.
Selon l’activiste, l’heure est grave et la jeunesse africaine doit énergiquement s’opposer à cette monnaie que veulent créer les 2 chefs d’Etat et exiger la disparition du franc CFA et une monnaie unique, quel que soit son nom, au taux de change flexible, non arrimée à l’euro et dont la direction sera laissée majoritairement au géant économique de l’Afrique, le Nigeria et au Ghana.
« Alassane Ouattara sort de l’Elysée et déclare que l’éco sera arrimé à l’euro à parité fixe alors qu’il avait été décidé au dernier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO à Abuja que cette nouvelle monnaie s’appuierait sur un taux de change flexible et serait lié à un panier à devises. Cela montre la volonté d’Alassane Ouattara de passer au forcing pour imposer le franc CFA aux autres pays. Nous ne pouvons plus laisser cet homme mettre à feu et à sang notre continent », a-t-il déclaré.
Il met donc en doute les déclarations du président français quand celui-ci disait être disposé à ce que les populations africaines traitent leurs problèmes. Pour Kémi Seba, c’est une autre forme de néocolonialisme qui est en préparation.
« Dire que l’éco est une autre monnaie mais le trésor français et l’arrimage à l’euro sont toujours là, c’est une déclaration de guerre pour la jeunesse africaine », a-t-il menacé.
Pour contrecarrer ce ‘forcing’ que préparent les 2 présidents, M. Seba appelle la jeunesse de l’Afrique francophone à retourner dans la rue le 14 septembre prochain à travers une mobilisation internationale contre l’élargissement de la zone franc aux autres pays c’Afrique de l’ouest.
« Nous prenons à témoin la population africaine. Si nous ne prenons pas nos responsabilités, personne ne le fera à notre place. Ce que les élites africaines ne font pas pour le peuple, le peuple doit le faire lui-même, quel qu’en soit le prix à payer », a-t-il lancé.
Sur le franc CFA et son arrimage à l’euro
Selon Kémi Seba, la zone franc CFA traine une faiblesse du taux d’échanges entre les pays de cette zone dont le taux d’échanges est de 15% contre 60% à l’intérieur de l’Union européenne (UE).
L’euro, a-t-il marqué, est une monnaie ‘trop forte’ pour les économies locales et entraine un anéantissement systématique de tout processus de compétitivité.
Le franc CFA, a-t-il poursuivi, facilite le rapatriement des capitaux de certains ‘dictateurs’ africains en Suisse et le rapatriement des capitaux des entreprises françaises qui sont sur le territoire africain en France sans aucun contrôle. Cette monnaie controversée implique aussi, a-t-il ajouté, l’impossibilité de placer une partie des ressources africaines dans le circuit bancaire pour qu’elles puissent générer des intérêts.